Fondé en 2021 par Adel Bakawan, 100 ans après la création de l’État irakien, le Centre français de recherche sur l’Irak est une association à but non lucratif située à Paris (XIII). Indépendant, notre Think Tank a pour vocation première de produire des connaissances impartiales et objectives sur la réalité géopolitique du monde irakien à travers ses différentes facettes. Notre réseau de chercheurs spécialistes, notre travail et nos contacts sur le terrain, nos recherches documentaires poussées ainsi que la constitution d'importantes bases de données doivent permettre de divulguer au public intéressé (chercheurs, ONG, journalistes, diplomates, acteurs politiques, entreprises, etc.) un ensemble de connaissances pour mieux comprendre les réalités de ce pays à la fois noeud régional et géopolitique d'importance.
Le CFRI décortiquera pour vous de manière quasi-quotidienne ce qui rend l'Irak à la fois si instable et passionnant : État fragile et corrompu, composantes chiites, sunnites et Kurdes divisées, pouvoir des partis sur leur base électorale, population pauvre et désoeuvrée, services publics en échec, ressources indexées sur le cours mondial du pétrole, violence quotidienne, terrorisme djihadiste, milices dans l'État, guerres sans fin, minorités ostracisées, concept d'irakicité incompris, rôle géopolitique des pays arabes et occidentaux, mainmise de l'Iran, opérations militaires de la Turquie, migration massive de la jeunesse, mouvements sociaux, droits de l'homme et droits des femmes, impact du changement climatique sur la vie des Irakiens, etc.
Premier Think Tank français sur l’Irak, l’organisation regroupe sa recherche autour de certaines thématiques clés :
Originellement constitué des provinces ottomanes de Bassorah (chiites), Mossoul (Kurdes) et Bagdad (sunnites), l’État irakien est constitué de trois composantes principales. Le système informel "Al-Muhasasa" (littéralement "la part du butin") de partage du pouvoir renforce les clivages politiques et confessionnels ce qui affaiblit considérablement l’État ainsi que le processus démocratique. Dans un pays où le communautarisme chiite, sunnite et kurde reste la norme et le nationalisme irakien l’exception, le CFRI se penche sur ce qui peut rassembler les peuples irakiens en une nation et sur ses facteurs de division originels.
L’Irak fait partie des 33 États les plus fragiles au monde et dépend du système d’aide internationale, source, en grande partie, de la perte de sa souveraineté. La fragilité principale de l’Irak réside également dans le dysfonctionnement de ses institutions et ses infrastructures déficientes.
Systématisée dans le fonctionnement de l’État, la corruption est, entre 2003 et 2021, à l’origine de la disparition de 400 milliards de dollars selon les chiffres officiels. L'Irak est classé 160e pays sur 180 dans l'indice de perception de la corruption 2020 de Transparency International. Depuis 2003, l’Irak fait continuellement partie des 20 pays les plus corrompus au monde.
Depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003, l’Iran et les États-Unis, rivaux sur l'échiquier politique international, se retrouvent pourtant dans une cogestion de l’Irak. Cependant, ce partenariat est mis à mal par les différends qui s’accumulent entre les deux pays, notamment depuis l’assassinat, via une frappe aérienne américaine, du général iranien Qassem Soleimani, le 3 janvier 2020, à Bagdad.
L’Arabie Saoudite ainsi que les Émirats arabes unis, rivaux de l’Iran, désirent peser sur la politique interne de l’Irak, attisant là le conflit entre chiites et sunnites au sein même d’un pays déjà fracturé par son communautarisme.
Les incursions répétées dans le Nord de l'Irak de l’armée turque, en guerre depuis le début des années 80 contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ainsi que les relations privilégiées du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) avec son grand voisin turc ont profondément modifié le jeu à trois bandes entre Ankara, Erbil et Bagdad.
Si Daesh a perdu son entité territoriale depuis 2017, l’organisation islamiste terroriste continue à représenter une menace constante pour les civils ainsi que pour les peshmergas kurdes, les forces nationales irakiennes et les milices chiites régulièrement pris pour cible. La réémergence de Daesh constitue une source de menaces tant sur le territoire irakien qu’à l’international. Le départ des troupes américaines et les divisions internes dans la société irakienne favorisent, de fait, le retour des attentats et attaques de Daesh.
Depuis l’appel à mener le djihad de l’ayatollah Ali Al-Sistani contre l’organisation État islamique en 2014, la mainmise des unités de Mobilisation populaire chiites (Hachd al-Chaabi) n’a cessé de croître au point de transformer l’État irakien en un État-milice. Les Forces de la Mobilisation populaire sont, en 2021, pourvues d’un armement lourd, fortes d’environ 150 000 hommes et intégrées au cœur même de l’État. Elles constituent le facteur majeur du scénario d’une guerre civile en Irak.
L’indépendance saisie en 1992 par le Gouvernement régional kurde a été consolidée en 2005, à la suite de l’occupation américaine. La question de l’indépendance reste centrale pour les Kurdes d’Irak, de la construction de l’État irakien au début des années 1920 jusqu’au référendum d’indépendance en 2017, et constitue l’une des pathologies centrales qui empêche l’État irakien de ne former qu’une seule nation. La question kurde en Irak, c’est aussi la présence du PKK dans le nord de l’Irak, facteur de division au sein même de la communauté kurde.
En Irak, toutes les conditions objectives sont réunies pour que le pays entre dans une guerre civile destructrice, qu'elles soient militaires, sociales, sécuritaires, économiques ou géopolitiques. La menace principale, dans le camp chiite, provient d'environ 75 organisations miliciennes lourdement armées, regroupées sous l'appellation de la "Mobilisation populaire" (Hachd al-Chaabi), prêtes à s’engager au combat. Idéologiquement divisées, elles sont surtout un instrument de déstabilisation de l'État irakien dans les mains de l'Iran. Mais que dire de la population sunnite, qui a partiellement rallié la cause et l'idéologie de Daesh après avoir été totalement exclue du jeu politique après la chute de Saddam Hussein. Des tensions fortes existent aussi dans les rangs kurdes entre les deux puissants partis de l'UPK et du PDK, tandis que le PKK pousse pour une indépendance totale du Kurdistan par les armes.
Le mouvement de contestation qui apparaît à partir du 1er octobre 2019 (révolution d'octobre) est le résultat d’une multitude de facteurs et de frustrations liés au chômage, à un système économique en panne, à une corruption endémique ainsi qu’à un État défaillant et à l'impossibilité pour ce même État de former un référentiel d'identité partagé à travers l’Irak. Ce mouvement qui dépasse les clivages traditionnels politiques, en plus de dénoncer l’influence iranienne grandissante, réclame aussi une politique forte en faveur de la jeunesse.
Porteur d’une tradition féministe depuis les années 1920, du fait de la présence historique de la gauche radicale, l’Irak est marqué par un mouvement des femmes puissant, même si ce mouvement a été relativement affaibli par les tragédies de l’histoire irakienne. Depuis 2003 et l’occupation américaine, ce mouvement revient sur le devant de la scène, avec au moins 200 organisations travaillant dans le domaine de la défense du droit des femmes.
Alors que 68 % des 40 millions d’Irakiens ont moins de 30 ans en 2021, plaçant ainsi l’Irak parmi les pays où la population est la plus jeune au monde, tous les indicateurs mettent en évidence que l’État irakien – de 2003 à nos jours – n’a jamais disposé et ne dispose toujours pas d’une politique pour sa jeunesse. De la mise en place de zones d’éducation prioritaire, aux politiques de prévention de la délinquance, en passant par l’inclusion sociale et professionnelle de la jeunesse, aucune de ces politiques n’a constitué une exigence ou priorité des gouvernements qui se sont succédé.
Vous retrouverez également d’autres thématiques de recherche qui seront développées par nos chercheurs, telles que l’évolution de la place des minorités dans la société irakienne (Yézidis, chrétiens, mandéens, etc.), l’impact du changement climatique, la dépendance aux énergies fossiles, la transition vers les énergies renouvelables, la disparition de l’eau en tant que ressource, etc.